FAITS SAILLANTS
Le nombre de personnes souffrant de la faim a doublé en un an.
Le système d’assistance téléphonique, dédié à la protection, aide les victimes d’abus et permet d’avoir une vue d’ensemble des violations des droits de l’homme.
Le conflit entre les éleveurs et les communautés locales s’intensifie en raison de l’aggravation de l’insécurité.
Une sérieuse insuffisance de financement mine les opérations humanitaires : seulement 52 % du financement sollicité reçu en 2015.
CHIFFRES
# de PDI 452 000
# de réfugiés à l’extérieur du pays 451 100
Personnes ayant besoin d’une aide 2,3 M
Personnes touchées par l’insécurité alimentaire
FINANCEMENT
613 millions Requis pour 2015 (dollars US) 52 % du PHU 2015 financé
La moitié de la population souffre de la faim
L’évaluation de la sécurité alimentaire en situation d’urgence, faite par le Programme alimentaire mondial des Nations-Unies (PAM) et ses partenaires, a révélé que la moitié de la population de la RCA — presque 2,5 millions de personnes — souffrirait de la faim.
Ces chiffres indiquent que le nombre de personnes souffrant de la faim a doublé en une année. En effet, les conflits et l’insécurité ont contribué à rendre difficile l’accès aux denrées alimentaires et à limiter leur disponibilité. « Trois années de crise ont fait payer un lourd tribut à la population centrafricaine», a indiqué Guy Adoua, Directeur adjoint du PAM en RCA. « Les familles ont si souvent été forcées de vendre ce qu’ils ont, de retirer leurs enfants de l’école, voire de recourir à la mendicité, qu’elles sont à bout du souffle. Il ne s’agit pas d’une urgence ordinaire. Les gens n’ont plus rien », a-t-il ajouté.
Selon les résultats de l’évaluation, une personne sur six, femme, homme et enfant, fait face à une insécurité alimentaire sévère ou extrême, alors que plus d’une sur trois est en situation d’insécurité alimentaire modérée, sans savoir d’où viendra son prochain repas. « Le PAM est extrêmement préoccupé par ce niveau alarmant. La population ne manque pas seulement de nourriture, mais elle est aussi obligée de consommer des aliments moins coûteux, et à faible valeur nutritive, ce qui ne couvrent pas ses besoins nutritionnels », a précisé M. Adoua.
Le rapport indique que la récolte 2014-2015 a été mauvaise et que les prix des aliments restent élevés puisque les agriculteurs n’ont pas cultivé leurs champs, en raison de l’insécurité, et que des centaines de milliers d’entre eux sont obligés de fuir leurs foyers en abandonnant leurs terres et leurs moyens d’existence.
D’autres affrontements ont eu lieu fin septembre, sachant que la plupart des données de l’évaluation sur la sécurité alimentaire avaient été recueillies. Ces violences ont causé de nouveaux déplacements au moment où les habitants regagnaient progressivement leurs foyers. Près d’un million de personnes sont toujours déplacées à l’intérieur de la RCA ou cherchent à se réfugier dans les pays voisins.
Le rapport recommande la poursuite de l’assistance alimentaire d’urgence aux familles déplacées et aux rapatriés ; l’aide alimentaire et technique aux agriculteurs pour les aider à récupérer ; la mise en place de réseaux sociaux avec des programmes tels que les repas scolaires ; et l’appui à la réhabilitation des infrastructures par la mise en place de projets d’appui aux activités.
Entre-temps, le PAM fournit une assistance alimentaire d’urgence et un appui nutritionnel aux plus vulnérables et joue un rôle crucial en appuyant les activités de récupération. Les programmes de l’agence ciblent les transferts d’espèces et les achats de nourritures locales, destinées à fournir des repas scolaires pour des milliers d’enfants, ce qui stimule l’économie locale et les moyens de subsistance des habitants. « Nous devons aider les plus vulnérables, ceux qui ont besoin de l’aide alimentaire d’urgence pour survivre, cependant nous devons aussi concentrer nos efforts sur l’ensemble de la population de la RCA afin qu’elle puisse se rétablir et se reconstruire », a souligné M. Adoua.
En décembre 2015, le PAM a fourni de la nourriture à presque 400 000 personnes par le biais de distributions générales de denrées alimentaires, de transferts d’espèces, d’appui nutritionnel et de repas scolaires ainsi que de projets d’appui aux activités. Cependant 41 millions de dollars US sont nécessaires pour que le PAM puisse répondre aux besoins urgents jusqu’à la fin du mois de juin. À ce jour, l’opération du PAM est seulement financée à hauteur de 45 %.