Faits saillants
Malgré une accalmie sécuritaire le contexte demeure fragile, avec deux attaques contre les forces armées le 12 mai et le 1 er juin dans les zones de Kaiga-Ngouboua et Kaiga-Litri (pas de victimes civiles).
Sur la base des évaluations rapides et opérations de vérifications physiques du cluster Abris/AME/CCCM, quelque 18 613 personnes déplacées supplémentaires sont estimées, auxquels s’ajoutent 4 747 déplacés additionnels enregistrés (par rapport aux chiffres du Sitrep du 29/04).
Une assistance multisectorielle d’urgence est requise pour les déplacés et retournés sur 8 sites nouvellement identifiés dans la zone de Liwa, selon la mission conjointe d’évaluation (UNICEF, HCR, OIM, Help-Tchad, OCHA, CNARR) du 24 - 26 mai.
Un taux de 4,63% de malnutrition aigüe sévère (MAS) - largement supérieur au seuil d’urgence de 2% - a été rapporté par le PAM parmi les 1 511 enfants dépistés sur 16 sites de déplacés.
Quelque 40 000 déplacés ont bénéficié de distributions alimentaires du PAM sur 15 sites du 13 au 24 mai, couplées à une assistance nutritionnelle pour 3 300 enfants.
Une quarantaine de sages-femmes a été déployée pour deux mois par UNFPA dans 16 structures de santé prioritaires dans le cadre de la « Campagne d’accélération de lutte contre la mortalité maternelle, la prévention du VIH, le repositionnement de la planification familiale dans la région du Lac ».
Aperçu de la situation
Avec l’accalmie sécuritaire qui perdure depuis quelques mois, l’accès humanitaire s’améliore progressivement dans la région du Lac, en particulier dans la cuvette nord où aucun incident n’a été signalé depuis huit mois. Cependant certaines zones demeurent instables, comme le démontre l’explosion le 1er juin de deux véhicules de la Force Mixte Multinationale sur des engins explosifs improvisés entre Kaiga-Ngouboua et Kaiga-Litri (14 soldats tués et 16 blessés). Une attaque similaire avait eu lieu le 12 mai à Kaiga-Ngouboua, faisant un soldat mort et cinq blessés.
La communauté humanitaire poursuit ses efforts pour étendre la zone de couverture de l’aide. Une mission conjointe d’évaluation des besoins a eu lieu du 24 au 26 mai sur huit sites de déplacés récemment identifiés dans la sous-préfecture de Liwa. La mission était composée du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), de l’ONG Help-Tchad, de la Commission Nationale d'Accueil et de Réinsertion des Réfugiés (CNARR) et d’OCHA. Sept sites accueillent des Tchadiens déplacés, arrivés entre juillet et décembre 2015 (Loudjia, Nguilbia, Salia, Yare, Yarame, Abourom, Bia), tandis que le site de Zigueye accueillerait 2 000 retournés tchadiens du Niger arrivés majoritairement fin avril. La plupart des sites n’ont jamais reçu d’assistance (sauf un appui en vivres à Zigueye et Yarame), et des besoins urgents sont rapportés sur 5 sites prioritaires notamment en nourriture, eau potable et soins médicaux. Des évaluations sectorielles approfondies sont nécessaires pour engager une réponse adéquate. De même les enregistrements permettront de confirmer les chiffres des populations déplacées
La capacité de réponse humanitaire augmente, avec l’arrivée de nouvelles ONG et un financement octroyé par le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) d’un montant de 10 millions de dollars américains. Il s’agit notamment de l’ONG International Rescue Committee (IRC) qui prévoit des activités de santé dans la zone de Liwa, et de l’ONG COHEB qui intervient dans le secteur de l’éducation sur le site de Tagal, dans la sous-préfecture de Baga-Sola. Les fonds CERF doivent servir d’une part à répondre aux besoins humanitaires vitaux dans la cuvette nord de la région du Lac (axe Liwa Daboua) et Kangalom et Tchoukoutalia ; et d’autre part à faire face à l’insécurité alimentaire et malnutrition dans la bande sahélienne (régions du Lac, Kanem, Bar-el-Gazal, Guera, et Wadi Fira). Les secteurs d’intervention concernés sont : la nutrition, la sécurité alimentaire, la santé, l’eau hygiène et assainissement (EHA), la protection, et les abris / articles ménagers essentiels / CCCM. Les Agences bénéficiaires sont l’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’OIM, le HCR, et le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
Les populations affectées demandent davantage de solutions durables lors des discussions du Mini-Sommet de l’Humanitaire de Baga-Sola, organisé par OCHA en lien avec le Side-Event sur le Bassin du Lac Tchad du Sommet Mondial de l’Humanitaire à Istanbul (23-24 mai). Les 25 déplacés et réfugiés participants ont notamment demandé plus d’appui aux activités de subsistance (pêche, élevage, agriculture, commerce), et plus d’infrastructures publiques pour l’accès aux services de base (écoles, hôpitaux etc.). Les participants étaient venus des sites de Tagal, Dar-Nahim, Kafia et du camp de Dar-es-Salam. L’essentiel des discussions a été diffusé en live sur Twitter pour alimenter les discussions de haut niveau à Istanbul en donnant la parole aux populations affectées.