Faits saillants
Plus de 220 000 victimes d’inondations dans la Tshopo attendent l’assistance.
L’Ituri gravement affecté par la crise du Nord-Kivu et se retrouve avec 40 000 PDI dans ses bras.
Afflux de réfugiés sud-soudanais dans le Haut-Uele, une région quasi désertée par les humanitaires.
Aperçu de la situation
Quelque 220 000 personnes sont victimes depuis octobre d’inondations dans 14 zones de santé de la Tshopo, selon la Division provinciale de la santé (DPS). Le nombre de personnes sinistrées a pratiquement doublé comparativement à la semaine dernière (129 500). Cette augmentation est consécutive à l’enregistrement de quatre nouvelles zones affectées. Selon les prévisions météorologiques, de fortes pluies persisteront jusqu’en fin décembre. La situation humanitaire va par conséquent continuer à se détériorer. A ce jour, 67 établissements scolaires ont été inondés dont 50 sont endommagés, affectant la scolarité de plus de 19 000 élèves. 49 structures sanitaires sont immergées ; 490 maisons écroulées ; 1 120 champs sous l’eau ; 2 485 latrines et 106 sources d’eau et robinets submergés. s ; 490 maisons écroulées ; 1 120 champs sous l’eau ; 2 485 latrines et 106 sources d’eau et robinets submergés. Les principaux besoins identifiés – abris, articles ménagers essentiels, soins de santé, éducation et sécurité alimentaire – se chiffrent à quelque 3 millions de dollars, selon la Cellule de crise. Pour éviter l’éclosion d’une grave crise sanitaire, une mobilisation des ressources financières est requise pour apporter des réponses sur une période de trois mois (soit de janvier à mars 2016). En attendant, les brigades de salubrité exécutent des travaux d’assainissement dans la ville de Kisangani pour prévenir et diminuer les risques des inondations. La communauté humanitaire et d’autres bailleurs avaient mis à la disposition de la DPS environ 145 000 dollars pour la riposte à l’épidémie de choléra dans la Tshopo. Les acteurs humanitaires souhaitent voir les autorités renforcer leur implication dans la réponse et surtout leur présence dans les territoires affectés par la crise pour assurer la protection des civils, ainsi la Tshopo pourrait sortir de cette crise d’urgence avec des actions plus axées sur le développement. S’agissant du choléra, la DPS a notifié 592 cas dont 56 décès (un taux de létalité de 9,3 %), entre le 1er septembre et le 6 décembre dans l’ensemble de la Province de la Tshopo. Une baisse significative des nouveaux cas est signalée à Kisangani et dans certaines zones de santé à la faveur de la riposte en cours.
Plus de 14 000 personnes déplacées internes (PDI) sont enregistrées par des comités de déplacés depuis le 30 novembre sur l’axe Komanda – Luna (Territoire d’Irumu) dans la Province de l’Ituri. La majeure partie de ces PDI est signalée dans la localité de Ndalya, qui sert présentement de point de transit. Une mission conjointe constituée de la MONUSCO, du HCR et d’OCHA, effectuée le jeudi 3 décembre dernier à Ndalya, a noté la présence d'environ 150 personnes dans une église. Elles vivent dans une promiscuité telle qu'il faut craindre l'éclosion des maladies cutanées, respiratoires et autres infections contagieuses. Les conditions précaires trouvées à Ndalya, telles que l’insuffisance de sources d’eau, l’accès aux abris et nourritures, poussent les PDI à progresser vers Komanda et d’autres petits villages le long de l'axe Komanda – Luna. Toutes ces personnes déplacées vivent dans des familles d’accueil ou des édifices publics. Selon des témoignages recueillis à Ndalya, les personnes déplacées sont réticentes à retourner dans leur milieu d'origine (Nord-Kivu) au regard des atrocités perpétrées par de présumés miliciens d’ADF. Ces populations pourraient donc s'établir longtemps dans la région tant que le phénomène ADF ne sera pas neutralisé et la sécurité rétablie. Mais une présence prolongée de PDI pourrait générer des conflits inter communautaires. Il existe déjà des tensions latentes (autour des terres) entre les autochtones et la vague de PDI du Nord-Kivu arrivée en 2014. Ainsi, MONUSCO et les autres acteurs de protection essaient de rapprocher les deux communautés pour les amener à une cohabitation pacifique. Une mission d’évaluation multisectorielle s’est rendue le 8 décembre sur l’axe pour la mise à jour des données. De 2014 à ce jour, l'Ituri est affectée par la crise d’ADF prévalant dans la province voisine du Nord-Kivu avec l’arrivée de près de 40 000 personnes déplacées dont la récente vague a été à causée par la dernière offensive du 29 novembre dans la région d’Erengeti.
- Un total cumulé de 3 824 réfugiés sud-soudanais et 1 735 Congolais, en provenance de la région d’Ezo, est enregistré au 8 décembre dans les localités de Bangalu, Masombo, Gangala, Mokoroko et Doruma dans la Province du Haut-Uele. Les réfugiés sont dans les familles d’accueil et ont besoin d’une assistance d’urgence en abris, soins de santé et vivres. Les affrontements armés des 16 et 21 novembre entre les communautés des Zande et Dinka, dans la région d’Ezo, sont à la base de ce mouvement de population. Selon les témoignages, l’on déplore des cas de meurtre, d’enlèvement d’enfants, des pillages et destructions des maisons. A la suite d’une mission d’évaluation, effectuée la semaine dernière dans les différentes localités où se trouvent les refugiés et les rapatriés, le HCR compte développer un programme d’assistance ponctuelle en termes d’abris et biens domestiques en faveur de refugiés qui sont dans des familles d’accueil. Il n’entend pas créer des camps. Une mission conjointe (HCR et PAM) est en cours dans la région en prélude à une intervention en vivres, semences et outils aratoires. Le volet santé doit être également couvert. Le HCR est à la recherche des partenaires pour des interventions d’urgence et un appui aux structures sanitaires afin de prendre en compte les besoins de réfugiés et rapatriés. Il existe des structures de santé dans cette zone dont certaines manquent de médicaments essentiels et d’autres font payer les services aux réfugiés et rapatriés. Il faut noter qu’il y a un déficit majeur d’acteurs humanitaires dans cette région ainsi que dans toute la Province du Haut-Uele. Par ailleurs, le HCR et ses partenaires ainsi que la communauté humanitaire ont élaboré depuis la semaine dernière un Plan de contingence Refugiés.