Faits saillants
Situation nutritionnelle critique dans les zones de santé de Komanda, Mambasa et Boma Mangbetu.
Augmentation de 62,6 % des incidents de protection en Ituri et dans les Uele au mois de février.
Plus de 180 000 personnes assistées en eau, hygiène et assainissement en Ituri en 2015.
Aperçu de la situation
Selon un dépistage nutritionnel effectué du 2 au 23 janvier 2016 par l’ONG APROHDIV dans cinq zones de santé des provinces de l’Ituri et du Haut-Uele, grâce à l’appui du PAM et de PRONANUT, les zones de santé de Komanda, Mambasa (Ituri) et Boma Mangbetu (Haut-Uele) connaissent une situation de malnutrition aigüe globale (MAG) critique. Le taux de MAG s’élève à 11,8% à Komanda, 13,4% à Mambasa et 11,2% à Boma Mangbetu (Haut-Uele) alors que la prévalence de la MAG à l’échelle nationale est de 9% selon l’enquête nutritionnelle de PRONANUT en 2015. Les zones de santé Logo et Adi en Ituri ont respectivement 8,9% et 9,2%. La prévalence du paludisme, des infections respiratoires aigües et des maladies diarrhéiques constituent les facteurs aggravant dans ces zones. A cela, il faut ajouter la monotonie dans les habitudes alimentaires, l’accès limité à la terre à cause de l’insécurité, l’accueil continuel des personnes déplacées internes pour Komanda et Mambasa, etc. Ce dépistage recommande une intervention d’urgence afin de prévenir la catastrophe. Il suggère aussi l’organisation d’une enquête nutritionnelle pour bien approfondir la réalité dans ces zones ; la mise en place d’un projet de prise en charge nutritionnelle avec la sécurité alimentaire comme complément ; le renforcement de la promotion de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, etc.
Le Cluster Protection s’inquiète de la hausse persistante d’incidents de protection à travers les provinces de deux Uele et de l’Ituri. Selon l’équipe de Suivi de protection, ces incidents sont passés de 973 en janvier à 2 603 en février 2016, soit une augmentation de 62,6%. Il s’agit notamment des violations des droits à la liberté (arrestations arbitraires, enlèvements, travaux forcés, etc.), à la propriété (pillages, vols, extorsions, incendies), à la vie et l’intégrité physique (tortures, homicides) ainsi que des violences sexuelles et sexistes (viols, agressions sexuelles, mariage forcés, etc.). En Ituri, le Territoire d’Irumu arrive en tête avec 788 incidents (soit 30%), suivi de Mambasa avec 445 incidents (soit 17 %). Dans le Haut-Uele, le Territoire de Dungu se classe en première position avec 252 incidents (9,6%) tandis que dans la Province du Bas-Uele, le Territoire de Bondo a enregistré 277 incidents (soit 10,6%). S’agissant des présumés auteurs, les forces de sécurité ont été responsables de 1 107 incidents (42,5%) ; les éléments du groupe armé Force de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) arrivent en deuxième position avec 418 incidents (16%). Les civils se classent en troisième rang avec 404 incidents (15%), suivis des combattants de la Lord’s resistance army (LRA) avec 42 incidents (1,6%). Parmi les victimes, les autochtones (résidents) représentent 58 %, soit 1 517 personnes victimes d’incidents de protection. Les personnes déplacées internes et retournées représentent 29 % (761 personnes), les refugiés représentent 1,3% soit 35 personnes. La communauté humanitaire à travers le Cluster Protection souhaite la redynamisation et la convocation du Cadre de concertation avec les autorités provinciales afin de plaider pour la sécurisation et la protection des civils.
Entre le 18 janvier et le 29 février, la Division provinciale de la santé(DPS) de l’Ituri a notifié 201 cas de choléra dont 7 décès dans 13 des 17 aires de santé de Bunia, soit 76,4 % de la Zone de santé de Bunia. Bien que le nombre des aires de santé affectées augmente dans la ville, on constate néanmoins une diminution des cas dans plusieurs anciennes aires ayant notifié des cas. La DPS planifie une intensification de la sensibilisation, notamment à la radio et dans la communauté grâce aux mégaphones que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et l’ONG Solidarités International mettront à disposition, ainsi qu’une augmentation des points de chloration. Aussi, il sera nécessaire de mettre en place des nouveaux points de lavage des mains dans les lieux publics. Suite à l’urgence d’approvisionnement en eau de l’hôpital général de Bunia, l’ONG MSF qui approvisionne jusqu’ici le Centre de traitement de choléra (CTC) par camion-citerne, a finalement lancé la semaine dernière les travaux de forage. Par ailleurs, le comité de crise a recommandé aux autorités locales de prendre en charge la Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) | Nations Unies La coordination sauve des vies | www.unocha.org construction des forages dans trois quartiers les plus vulnérables de la ville suite au manque d’eau potable, d’autant plus que la gestion du matériel de forage de la province est sous leur gestion.
La DPS de la Tshopo a notifié 67 cas suspects de choléra dont 9 décès entre le 1er janvier et le 21 février, soit une létalité de 13%. La zone de santé de Basoko est la plus affectée avec 41 cas dont huit décès. Cette situation serait causée par la consommation d'eau non traitée et l'inondation survenue dans la Tshopo au cours du dernier trimestre 2015. En effet, les eaux ne se sont pas encore totalement retirées de plusieurs villages dans les zones de santé de Basoko, Yakusu et Isangi. Les structures de santé ont été toutes détruites dans la Zone de santé de Basoko par des inondations. Les malades sont obligés de parcourir de longues distances pour trouver un centre de santé dans un autre village. Même avant la catastrophe, des formations sanitaires vétustes, en mauvais état et mal équipées ne disposaient même pas de stock de médicaments essentiels. Basoko est enclavé et pratiquement oublié des autorités sanitaires. Suite à cette flambée de cas, la DPS a activé le plan de contingence dans la zone de santé de Basoko. Pour rappel, la DPS de la Tshopo et les autorités provinciales avaient enregistré plus de 250 000 personnes sinistrées par les inondations au dernier trimestre 2015. Un plan de réponse, estimé à 3 millions de dollars, avait était élaboré par la cellule de crise. Cependant, à l'heure actuelle, rien n’est encore mobilisé pour venir en aide aux personnes dans le besoin (le plan de réponse prévoyait une intervention qui devrait s'étaler sur 3 mois). Les populations sinistrées sont confrontées aux besoins en abris, eau, hygiène et assainissement, éducation, soins de santé, etc. Il faut craindre que la décrue ne puisse aussi apporter son lot de malheurs, à savoir la résurgence des maladies d'origine hydrique.