LES FAITS SAILLANTS
- Trois années d'instabilité ont fortement détérioré le système de santé. Les besoins de santé restent énormes pour une large partie de la population
- Plus de 10 000 personnes déplacées dans la région de Koui suite à des affrontements entre groupes armés
- Une enquête sur les intentions de retour montre que 73% des réfugiés au Cameroun n'ont pas l'intention de retourner en RCA
- Une alarmante détérioration de la situation de la sécurité alimentaire en 2015, selon la dernière évaluation du groupe sécurité alimentaire
La RCA fait face à une crise sanitaire chronique
Plus de 3 ans de conflit ont considérablement fragilisé un système de santé déjà exsangue en République centrafricaine (RCA), entrainant les autorités à une suspension des activités sanitaires et laissant ainsi des milliers de personnes exposées aux maladies et avec un accès restreint aux soins de santé.
Bien qu’en général l’accès aux services de santé reste limité sur l’ensemble du territoire, sauf dans la capitale Bangui, l’insécurité entrave et retarde également l’assistance et la réponse humanitaire dans de nombreuses zones du pays. Les acteurs humanitaires mettent en place des équipes de cliniques mobiles qui permettent de porter assistance à des milliers de personnes déplacées vivant dans des zones souvent reculées et non couvertes par les structures de santé du ministère de la Santé.
Les activités de prévention, les soins primaires et secondaires, le fonctionnement des hôpitaux de référence, les capacités d’alerte précoce et de réponse rapide d’urgence et le support psychosocial reposent essentiellement sur les acteurs humanitaires.
Aujourd’hui, un million de personnes sont actuellement assistées par 31 partenaires humanitaires du Cluster Santé incluant des organisations non gouvernementales et des agences des Nations-unies.
Besoins non couverts
Bien avant la crise, la Republique centrafricaine avait un besoin urgent de reconstruction du sytème de santé notamment en matière de santé maternelle-infantile et de santé reproductive. En 2011, on denombrait un medecin pour 15 000 personnes et un seul centre de santé pour 8000 personnes. L'instabilité récente a contribué a détériorer encore plus les structures de santé. L’amélioration progressive des conditions de sécurité a permis au Gouvernement de passer de l’assistance d’urgence à des actions destinées à la reconstruction d’un système de santé anéanti.
“ Les besoins en santé restent importants en RCA et la disponibilité de services de santé de qualité s’est détériorée substantiellement ", a déclaré le Dr Michel Yao, Représentant de l'OMS pour la République centrafricaine. "En 2016, le Cluster de la Santé s’est fixé comme objectif d’atteindre un million de personnes dans les zones touchées par la crise, permettant ainsi l'amélioration et l'accès à des services de santé de qualité pour 25% de la population du pays. Cela contribuera significativement à la réduction des taux de morbidité et de mortalité, permettant ainsi de sauver les vies des populations les plus vulnérables du pays ».
La réhabilitation des infrastructures, le manque de personnel soignant et la prévention des maladies restent des défis majeurs. Les acteurs humanitaires continuent de répondre à des crises sporadiques liées aux épidémies saisonnières ou au manque d’accès aux populations déplacées en raison de l'insécurité. L’incapacité du Gouvernement à fournir l’aide nécessaire la où les agences humanitaires ont des difficultés d’accès et le fait que de nombreuses zones sont considérées selon les statistiques comme toujours en situation de crise d’urgence, démontre bien toute l’importance de continuer d’assurer une assistance en matière de santé.
Le paludisme reste la cause principale de morbidité avec 13,8% des décès. On note également des retours d’épidémie de méningite ainsi que d'autres maladies transmissibles telles que le poliovirus sauvage, la rougeole et la fièvre jaune mais les principales affections sont d’origine hydrique ainsi que les affections de peau et respiratoires.
Le taux de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans est de 176 décès pour 1000 naissances et le taux de mortalité infantile de 106 décès pour 1000 naissances. Selon le Cluster Santé, la RCA est l’un des pays africains avec le taux de mortalité maternelle le plus élevé avec 1 355 décès pour 100 000 naissances.