Faits saillants
La situation est restée globalement calme dans la région du Lac, malgré la reprise des opérations militaires à la frontière avec le Nigeria et le Niger.
Le deuxième rapport sur l’accès humanitaire dans la région du Lac souligne que l’accès humanitaire est globalement satisfaisant pour la plupart des partenaires.
Un plan de réponse d’urgence sur 90 jours (juillet-septembre) pour les quatre pays du bassin du Lac Tchad a été développé. Pour le Tchad, l’assistance multisectorielle à environ 250 000 personnes dans le besoin est estimée à 16 millions de dollars américains.
Les différents dépistages continuent de souligner des taux de malnutrition au-dessus des seuils d’urgence. En juillet, un dépistage de la malnutrition aigüe dans 20 sites, par les associations locales CELIAF et Al Nadja, en partenariat avec l’UNICEF, met en évidence un taux de malnutrition aigüe de 18,5% dont 5,6% de malnutrition aigüe sévère.
Les projets de résilience et reconstruction des moyens d’existence se multiplient, soulignant la nécessité d’aller vers des solutions durables pour les populations vulnérables de la région du Lac.
Le PAM met en place de nouvelles approches, avec l’enregistrement biométrique des personnes déplacées, ainsi que les transferts monétaires sur 5 sites dans la zone de Bol en faveur de 9 051 bénéficiaires.
Aperçu de la situation
La situation est restée globalement calme dans la région du Lac, malgré la reprise des opérations militaires à la frontière avec le Nigeria et le Niger, ainsi que quelques incidents en lien avec l’action humanitaire. Le 27 juin, les articles ménagers essentiels (AME) (composés de moustiquaires et de kits eau hygiène et assainissement) destinés à une distribution par une ONG locale, partenaire d’une Agence des Nations Unies, sur le site de Tchoukoutalia, ont été pillés. Les forces de l’ordre ont récupéré une partie du matériel volé et la distribution s’est terminée dans le calme. Par ailleurs, une tentative d’évasion à la prison de Bol, le 25 juin, a donné lieu à trois morts et sept blessés. Enfin, dans la sous-préfecture de Kaiga, le 10 juillet, 19 membres d’un groupe armé auraient fait irruption dans une localité à environ 5km de Kaiga, entraînant la fuite des habitants, qui sont ensuite revenus dans le village et ont constaté la mort d’une personne et le pillage des vivres.
Le deuxième rapport sur l’accès humanitaire dans la région du Lac, qui couvre la période d’avril à juin 2016, souligne que l’accès humanitaire est globalement satisfaisant pour la plupart des partenaires. Aucun incident contre les acteurs humanitaires n’a été rapporté et l’accès est facilité sur l’ensemble de la zone, hormis dans les zones où les opérations militaires sont en cours depuis mi-juin. La recrudescence de l’utilisation de mines début juin dans la région du Lac peut laisser craindre une restriction d’accès dans certaines zones frontalières et des conséquences sur les possibilités de retour et de solutions durables.
Un plan de réponse d’urgence de 90 jours pour les quatre pays du bassin du Lac Tchad (Cameroun, Nigeria, Niger, Tchad) a été développé par la communauté humanitaire afin d’orienter les contributions des bailleurs des fonds vers les besoins prioritaires d’ici à fin septembre. Ce plan met en exergue des vulnérabilités exacerbées par la saison des pluies, les opérations militaires en cours et la période de soudure, dans un contexte général de faible accès aux services essentiels. Pour le Tchad, l’assistance multisectorielle à environ 250 000 personnes dans le besoin est estimée à 16 millions de dollars américains pour les trois prochains mois. Pour rappel, les besoins totaux pour la région du Lac en 2016 s’élèvent à 94 millions de dollars américains selon le HRP 2016.
Les partenaires humanitaires développent d’ores et déjà des projets afin de renforcer la résilience des communautés et reconstruire leurs moyens d’existence. Ainsi, l’Union européenne, le PAM et le Ministère du Plan ont lancé officiellement un projet de renforcement des moyens d’existence dans la région du Lac. D’autres partenaires interviennent dans la distribution de semences et outils agricoles et de pêche (l’ONG ACTED sous financement ECHO, le Comité International de la Croix Rouge – CICR -, l’ONG Catholic Relief Services – CRS -, les ONG COOPI et CARE sous financement de l’ambassade de France), le soutien aux activités génératrices de revenus, ou encore le soutien aux éleveurs (l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture – FAO - et l’ONG IMC – International Medical Corps –, le CICR à travers la vaccination de têtes de bétail). Cette tendance souligne le besoin d’aller vers des solutions qui accompagnent les populations vers l’autonomisation, évitant ainsi une nouvelle crise prolongée et une dépendance à l’aide humanitaire.
Du 15 au 17 juillet, une visite de haut niveau s’est rendue au Tchad afin d’attirer l’attention sur la situation humanitaire dans le bassin du Lac Tchad et souligner le besoin d’un plus grand engagement de la part des bailleurs de fonds. Composée du Commissaire européen chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises, M. Christos Stylianides, de la Secrétaire d’Etat adjointe pour la population, les réfugiés et la migration, Mme. Anne C. Richard, ainsi que du Coordonnateur humanitaire régional pour le Sahel, M. Toby Lanzer, la délégation s’est notamment rendue dans la zone de Bol, sur les sites de Melia et Yakoua.